mercredi 23 mars 2011

Le conflit en Lybie doit marquer la fin de la devise de l'occident : "laisses ma tête tranquille et frappes où tu veux"

Regardons les faits : la coalition militaire qui intervient en Lybie depuis la semaine passée est sans nom et sans commandement annoncé. On ne dispose que du nom de l'opération elle-même : "odyssey dawn" (on se croirait à Hollywood). En somme, comprenez y quelque chose: c'est le père qui baptise un fils qui n'est pas le sien !...

Est ce qu'à un ennemi qui se veut sans visage (Kadhafi, qui est en train d'attribuer ses propres méfaits et exactions tour à tour à des rebelles, des islamistes d'el Qaida et j'en passe...)il faut confronter une coalition sans nom ? Peut-être que oui -en vertu du principe de la réciprocité!- mais ce n'est pas la vrai raison ou du moins la seule.

Comment choisir un commandement unifié en évitant les connotations (devenues péjoratives)? comment gérer les conflits d'humeur (vu les intérêts qu'ils ont en jeu avec Kadhafi) de certains pays comme la Turquie qui font partie en même temps de l'OTAN et du monde arabo musulman? comment se justifier face aux critiques de pays comme la Chine et la Russie ? Comment gérer toutes ces problématiques alors que Kadhafi (machiavélique qu'il est) a placé cette guerre exactement dans l'arène qu'il ne faut pas: celle des croisades ? A force de tergiverser, on en oublierait le génocide que le digne peuple de Lybie est en train de subir de la part de ce sanguinaire dictateur... et justement, il ne faut pas car c'est cela le jeu de Kadhafi.

Force est de constater qu'en face d'un tel dilemme, l'occident se trouve totalement désemparé, il ne sait plus à quel Saint se vouer et pour cause, la connaissance approfondie qu'il a mutuellement avec le dictateur Kadhafi (ils ont fait les 400 coups ensemble, au sens figuré et même au sens propre, pensez à Berlusconi!):
* tout d'abord Kadhafi n'aurait jamais pris le pouvoir sans l'aval de l'occident il y a 42 ans.Ils avaient alors placé un pion qui est devenu maintenant incontrôlable
* ensuite le même occident -dédommagé généreusement pour Lockerbie- a remis sa main dans la main de Kadhafi, pourtant souillée du sang de toutes les races humaines (n'a-t-il pas intervenu sur tous les continents et aidé tous les terroristes de la planète depuis qu'il est au pouvoir ?).
* L'occident n'a-t-il pas couvert de son silence les génocides commis par Kadhafi même après leur réconciliation ?
* L'occident n'a-t-il pas cherché de tout temps à vendre des armes à ce dictateur, inlassablement jusqu'à ces derniers mois ? et c'est avec ces armes qu'il menace maintenant l'occident de s'en prendre aux objectifs civils et même militaires (qui sont bien à sa portée, vu la situation géographique de la Lybie). Kadhafi a annoncé que pour l'instant il ne comptait pas le faire (en réponse à une question idiote d'une journaliste américaine): mais il faut pas s'en réjouir, il ne fait là que fixer lui-même les paliers de l'escalade entre lui et la coalition. Cela va évoluer en fonction des évènements.
* Une donne de plus à gérer pour l'occident (et pas pour Kadhafi) : l'opinion publique d'une démocratie.. Penser qu'il n'y a pas de prix à payer par les artisans de cette intervention Lybienne dans leurs pays respectifs est totalement dénué de fondement... Kadhafi, lui, n'a pas du tout cette contrainte !

Mais à cette situation extrêmement délicate de la coalition s'ajoute aussi la peur de l'enlisement dans une "sale guerre des rues" où les règles sont très mal définies et où la limite entre civils innocents et boucliers humains s'estompe. Pour sa part, ayant toujours prévu un scénario de sortie semblable à ce qui se passe maintenant en Lybie, Kadhafi a construit (toujours, aidé par l'occident) des super-bunkers et des galeries souterraines sécurisées, il ne risque rien de bien grave (croit-t-il !).

Là est le problème. L'occident, se sachant incapable de gagner une guerre qui se transformerai en conflit prolongé veut à tout pris l'éviter (fort de son expérience en Irak) et Kadhafi, fort de cette conviction essaiera entretemps d'exterminer le maximum de ses concitoyens. Mais où est la solution ?

Je pense que les prochains jours démontreront que l'occident a eu tort de soutenir des dictatures qui -très souvent- ont fini par se retourner contre-lui. L'appui aux dictateurs -pourvu qu'ils ne menacent pas vos intérêts- même s'ils font les pires exactions chez eux ne peut plus être d'actualité, le proverbe tunisien "laisses ma tête tranquille et frappes où tu veux" (parlant à l'origine d'un tout autre contexte) ne doit plus s'y appliquer, plus maintenant ... C'est une révolution à faire dans la tête de ceux qui commandent en occident justement, après la révolution tunisienne.

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