C'est incroyable ce que la notion de temps peut être relative ! la succession d'événements vécus ces trois derniers mois en Tunisie nous amène à conclure que le temps qui passe en ce moment ne peut pas être comptabilisé simplement par les échelles de mesure habituelles, car il n'y a rien d'habituel dans une révolution.
Les faits se sont tellement accélérés que trois mois équivalent, pratiquement, à trois siècles. Cette accélération s'est faite dans le vécu de notre nation de façon tantôt positive tantôt négative, mais a également été ressentie à l'échelle personnelle, dans la vie propre à chacun. Il s'agissait toujours d'une accélération vers la fin, l'épilogue, l'arrêt, l'interruption ... comme pour obéir à l'inébranlable impulsion du moment, à la tendance générale d'une dynamique qui s'est appropriée le sens et le but de tout mouvement latent -qu'il soit concret ou abstrait- pour l'asservir à sa volonté première: arrêter l'avancement et renverser les situations.
La période passée a été marquée par tellement de changements dans notre vie que nous en avons ré-appris ce qu'était l'essentiel (ou quels sont réellement nos besoins rudimentaires) : finalement, c'est rester en vie avec les siens, se trouver un abri et de quoi manger. Et soudain, comme par enchantement, l'encombrement d'esprit que chacun de nous a pu se faire -des années durant- avec ses luxes, ses vices et ses habitudes a disparu et on s'est rendu à l'évidence : rien n'est plus important que les besoins humains basiques -les mêmes, depuis l'aube des temps- avant qu'on ne commence à entasser frénétiquement ses propres inventions, qui ne font que nous compliquer notre vie.
Nous avons tiré bien des enseignements des risques encourus sur l'intégrité physique par tout un chacun lorsqu'érigés en comité de quartier nous assurions la protection de nos familles et de nos biens: personnellement, chaque soir, en rentrant sain et sauf après mon tour de gardiennage, je me sentais renaître de nouveau pour une nouvelle vie (et c'en était bien une, à l'échelle de temps 3 mois équivalents à 3 siècles !).
Les pertes accumulées par notre économie se sont entassées et une grande incertitude sur l'avenir s'est installée chez tout le monde, en particulier ceux "qui ne gagnent que lorsqu'ils travaillent". La reprise est très timide et la concrétisation réelle tarde à s'installer. Les conflits sociaux ne présagent pas beaucoup de bien ...et on se croit tout permis. Que Dieu nous garde et nous vienne en aide pour sortir de cette crise ! La force de Dieu est infinie et ses miracles sont là pour le prouver (ce que nous avons vécu en présente une illustration éloquente !).
Forts du soutien de Dieu, nous devons entretenir l'espoir, car ce n'est qu'une période transitoire dans la vie et en définitive elle aura des effets largement positifs. Déjà que nos vies, riches de cette expérience de 3 siècles, ont augmenté d'autant (en si peu de temps) et par rapport à ceux des plus jeunes qui ont vécu la même expérience, nos âges sont en définitive tous devenus très comparables et pour preuve : quelle est la différence significative qui existe entre 348 ans (mon âge) et 316 ans (l'âge de ma fille) par exemple ? J'en retiens beaucoup plus les 300 ans qu'autre chose !
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